Mémoire original
Évaluation de l’efficacité de la remise d’une trousse de prévention des accidents domestiques de jeunes enfants : essai d’intervention dans quatre communes des Hauts-de-Seine (France)Evaluation of the effectiveness of an injury prevention kit delivery for toddlers in four french cities

https://doi.org/10.1016/S0929-693X(03)00145-3Get rights and content

Résumé

La distribution de matériel de puériculture au domicile des familles, pour prévenir les accidents d’enfants, pourrait permettre aux parents d’améliorer leurs comportements sécuritaires. L’adaptation et l’expérimentation en France d’une trousse conçue et utilisée au Québec ont été le sujet de la présente étude. Les objectifs de l’intervention étaient à la fois quantitatifs, en mesurant 6 à 8 semaines après une première visite le pourcentage de modifications sécuritaires apportées au domicile des familles participantes, et qualitatif, en évaluant l’utilité perçue de cet outil et de son mode de délivrance, à travers la satisfaction des familles visitées et celle des intervenantes.

Population et méthode. – Cent familles de quatre villes du département des Hauts-de-Seine, en région parisienne (Boulogne-Billancourt, Chaville, Sèvres, Ville d’Avray) ont été sélectionnées par les services de protection maternelle et infantile (PMI) pour recevoir à leur domicile la visite d’une puéricultrice, d’un médecin, ou d’une auxiliaire de puériculture du service de PMI, lorsque leur enfant était âgé de 6 à 9 mois. Quarante-neuf familles (groupe 1) (1 famille perdue de vue) ont reçu lors de la première visite au domicile, outre les conseils habituels, une trousse contenant des dispositifs sécuritaires, et des dépliants d’information sur les risques d’accidents à la maison, ainsi que la façon de les prévenir. Les 50 autres familles (groupe 2) n’ont pas reçu la trousse mais seulement des conseils d’information et de prévention habituels. Une seconde visite a eu lieu 6 à 8 semaines après la première.

Résultats. – Entre les 2 visites, le pourcentage d’amélioration sécuritaire a été significativement plus grand dans le groupe 1 (avec trousse) que dans le groupe 2 (sans trousse), concernant les risques de chutes (p < 0 ,02), les risques liés au feu et aux brûlures (p < 0,001), les risques d’intoxication (p < 0,01), et les risques d’asphyxie (p < 0,001). Pour les risques visés par les objets de prévention fournis dans la trousse, le pourcentage de modifications apportées entre les 2 visites était significativement plus grand dans le groupe 1 que dans le groupe 2 (p < 0,001), avec un risque relatif de 1,78 (intervalle de confiance à 95 % [IC 95 %] : 1,18–2,68). Cette différence était également sensible pour les questions relatives à des éléments non fournis dans la trousse (p < 0,001) ; le risque relatif était de 1,31 (IC 95 % : 1,23–1,40). L’évaluation qualitative auprès des intervenantes et des familles visitées a permis d’apprécier l’utilité perçue de la trousse et de son mode de délivrance.

Conclusion. – Comme dans l’expérience québécoise, nos résultats montrent que les visites à domicile organisées en routine par les services de PMI constituent une bonne opportunité pour aborder la prévention des accidents d’enfants. La distribution à titre gracieux de trousses de prévention, accompagnée de conseils simples à adopter, permet à des familles souvent défavorisées de modifier leur comportement et d’aménager leur appartement en vue de plus de sécurité.

Abstract

Background. – The home delivery of counseling and devices intended to prevent child injuries could help parents to adopt safe behavior more efficiently. The aim of the present study was to adapt and test in France a safety kit designed and used in Quebec (Canada). The intervention program (kit delivery and counseling) was assessed by measuring 6 to 8 weeks after a first home visit the percentage of safety changes adopted by the families included in the survey, compared with the pre-intervention situation; and by evaluating the satisfaction of families with their participation in the survey, and the satisfaction of nurses with the use of this new tool.

Population and Method. – One hundred families from 4 towns in the Hauts-de-Seine department in the Paris suburbs (Boulogne, Chaville, Sèvres, Ville d’Avray) were selected by the social services for home visits by nurses or doctors, when their child reached the age of 6 to 9 months. Selection criteria were usually primipara, medical problem, psychological and/or socio-economic difficulties. During the first visit, 49 families (group 1) (1 family lost for follow-up) received the usual informative and preventive counseling, and a kit including preventive devices and pamphlets about indoor injuries and ways of avoiding them. The other 50 families (group 2) received counseling but not the kit. Between 6 and 8 weeks later, a second home visit was paid to all selected families.

Results. – Between the first and the second visits, the percentage of safety improvement was significantly higher in group 1 (with the kit) than in group 2 (without the kit). This improvement mainly related to the risk of fall (P < 0.02), fire and burns (P < 0.001), poisoning (P < 0.01) and suffocation (P < 0.001). When the analysis was focused on safety improvement related to devices provided in the kit, the difference between the 2 groups was significant: 67.8% of safety improvement in group 1 vs 38.1% in group 2 (P < 0.001). The relative risk (RR) was 1,78 (95% confidence interval (CI): 1,18–2,68). Even for items not related to the devices provided, the difference remained significant: 48.6% in group 1 vs 28.8% in group 2 (P < 0.001); RR =1,31 (95% CI: 1,23–1,40). The perceived usefulness of the kit was discussed in a focus group with all nurses and doctors. On the whole, the judgment was very positive, mainly because the kit facilitated the introduction of the notion of accident prevention in the discussion at home.

Conclusion. – As in the canadian survey, our results indicate that routine home visits by the social services offer a good opportunity to introduce the subject of child injury prevention. Free delivery of prevention kit and simple counseling allow often deprived families to modify their behavior and to arrange their apartments so as to reduce risks.

Section snippets

Population et méthodes

L’intervention a été menée entre octobre 2000 et avril 2001. Les 100 premières familles de 4 villes du département des Hauts-de-Seine (Boulogne-Billancourt, Chaville, Sèvres, et Ville-d’Avray), ayant eu 1 enfant atteignant l’âge requis pour l’étude, sélectionnées dans l’ordre de naissance, et rencontrant les critères habituels de visite systématique (primiparité, problème médical, familles en difficulté psychologique ou socio-économique), ont été retenues par les services de PMI respectifs. Ces

Sur l’ensemble des familles

Les 2 groupes étaient comparables pour l’âge et le sexe du répondant, le type de famille, le type de résidence, le nombre d’enfants par famille, le niveau d’études des parents et leur catégorie socioprofessionnelle (Tableau 1, Tableau 2).

Entre les 2 visites, le pourcentage d’amélioration sécuritaire a été significativement plus grand dans le groupe avec trousse (groupe 1) que dans le groupe sans trousse (groupe 2), concernant les risques de chutes (45,1 vs 30,8 %, p < 0,02), les risques liés au

Discussion

À la lecture de la littérature, 4 conditions minimales garantissant la réussite d’un tel projet ont été identifiées : la remise du kit de sécurité et les conseils donnés doivent avoir lieu au domicile des familles ; le kit de sécurité doit être remis gratuitement et être facile à installer ; les familles doivent pouvoir être aidées à installer le dispositif de sécurité ; plusieurs visites au domicile sont à prévoir pour assurer un suivi de l’intervention.

Les visites itératives au domicile et le

Conclusion

Comme dans l’expérience du Bas-Saint-Laurent, ces premiers résultats montrent que les visites à domicile organisées en routine par les services de PMI constituent une opportunité permettant d’aborder la prévention des accidents d’enfants. La distribution gratuite de trousses de prévention, accompagnée de conseils simples à adopter, permet à des familles souvent défavorisées de modifier leur comportement et d’aménager leur appartement en vue de plus de sécurité, même pour des risques qui

Références (17)

  • W Rogmans

    Les accidents domestiques et de loisirs des jeunes de moins de 25 ans dans l'Union européenne : défis pour demain

    Santé publique

    (2000)
  • Causes médicales des décès. Résultats définitifs France

    Liste simplifiée S9. Paris

    (1999)
  • Manifest for Safe Communities

  • M Sundström et al.

    Criteria for the safe community network. Stockholm

    (1996)
  • T.R Miller et al.

    Cost-outcome analysis in injury prevention and control: eighty-four recent estimates for the United-States

    Med Care

    (2000)
  • T Dowswell et al.

    Preventing childhood unintentional injuries- what works? A literature review

    Inj Prev

    (1996)
  • I Roberts et al.

    Does the decline in child injury mortality vary by social class? A comparison of class specific mortality in 1981 and 1991

    BMJ

    (1996)
  • S Leduc

    Évaluation d'une trousse de prévention des traumatismes à domicile survenant à de jeunes enfants

    Direction de la santé publique, de la planification et de l'évaluation

    (1999)
There are more references available in the full text version of this article.
View full text